samedi 22 octobre 2016

Leila Khaled, figure historique de la résistance palestinienne, par Dimitris Konstantakopoulos

L’État Islamique est une organisation criminelle qui a été créée et est utilisée par les Etats-Unis. En ce qui concerne la Russie elle n’est intervenue en Syrie qu’après plusieurs années de guerre. C’était le moyen pour Assad, et son gouvernement, de renforcer la capacité de la Syrie, en particulier pour assurer la viabilité économique et la suffisance nutritionnelle du pays, mais aussi pour forger une armée capable d’intervenir pour sa défense. Ainsi que le souligne Leila Khaled, cadre principal du Front populaire pour la libération de la Palestine, dans cette interview.

Le FPLP (Front populaire de Libération de la Palestine) est après le Fatah, la deuxième force la plus puissante de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine). Elle a son siège à Damas et c’est l’organisation la plus importante de la gauche palestinienne, avec des positions plus combatives que celles du Fatah. Nous avons profité de la visite récente de Leila Khaled à Athènes, alors qu’elle participait au festival « Résistance », organisé par le journal « Dromos tis Aristeras » (« vers la gauche ») pour obtenir de première main, les avis de l’une des personnalités centrales du mouvement palestinien, sur les développements dramatiques qui se déroulent actuellement dans l’ensemble du Moyen-Orient.


Terroriste pour les Israéliens, Leila Khaled fut le symbole de la lutte armée des Palestiniens dans le monde entier, suite à sa participation à l’un des quatre détournements simultanés d’avions en Septembre 1970, qui a inspiré des chansons, des films et des œuvres d’art partout sur la scène internationale. Ces détournements étaient pour les Palestiniens une « réponse » à la défaite ignominieuse dont ils ont souffert avec l’occupation de leurs territoires par Israël en 1967 et leur massacre par la Jordanie lors du « Septembre noir » de 1970.

Parce que le FPLP est une organisation marxiste avec une idéologie internationaliste il a été soutenu par les groupes européens de la gauche « anti-impérialiste », comme, par exemple, la Tendance Marxiste révolutionnaire Internationale [TMRI], une organisation internationale dirigée par le grec Michaelis Raptis (Pablo) ou des groupes « Tiers-mondistes » tels que les Sandinistes du Nicaragua. Ces forces ont soutenu les actions du FPLP hors du monde arabe. En contrepartie, leurs cadres ont été formés dans les camps de réfugiés palestiniens. Ils comprenaient entre autres des opposants à la dictature militaire grecque et des socialistes chypriotes, qui souhaitaient se préparer à des formes similaires d’actions pour la libération de leur île contre l’occupant turc.

« Je ne suis pas intéressée à ce qu’ils disent de moi. Je sais qui je suis, mon   peuple me connait et cela me suffit » répond Leila Khaled aux accusations de terrorisme qui sont portées contre elle.

En ce qui concerne les défaites répétées subies par le mouvement national palestinien et arabe (qui a pour résultat, à son avis, la montée de l’islamisme parmi les masses arabes), elles ne représentent pas une « défaite définitive » des Palestiniens. « Nous avons intériorisé une culture de résistance » dit-elle, ajoutant que « la question nationale arabe n’est pas la question d’une seule génération » et soulignant « que les luttes et les expériences s’enrichissent mutuellement jusqu’au jour où elles donnent les résultats escomptés. »

Pour Leila Khaled les développements au Moyen-Orient sont le résultat de la mise en œuvre d’un plan visant à détruire non seulement les armées arabes les plus fortes (de l’Irak, la Libye et la Syrie) mais aussi leurs pays, qui sont à l’origine de grandes civilisations anciennes. En ce qui concerne les différences entre les néo-conservateurs et la tendance Brzezinski (Ndt : le Grand échiquier, Hachette, 1997), ou entre Obama avec Netanyahou, elle croit que ce ne soit seulement qu’une tactique sans conséquence sur les objectifs stratégiques majeurs. Elle est aussi d’avis que le plan pour une fédéralisation de la Syrie résulte d’une conception prônant en fait la « fragmentation » des États du Moyen-Orient. Elle dit que les Kurdes « sont utilisés » et elle maintient qu’Israël évolue vers une variante du fascisme. 

Dimistris Konstantakopoulos

D.K. En résumant plusieurs décennies de la lutte des Palestiniens, il serait facile de conclure que le mouvement palestinien a été vaincu. Il a mené une lutte héroïque, mais il n’a pas atteint ses objectifs. Que diriez-vous en réponse à une telle remarque ?

Je ne le vois pas de cette façon. Les luttes des peuples ne peuvent se réduire à une période de quelques d’années. Elles s’accumulent et cette expérience, comme le disent les marxistes, amène des changements qualitatifs. Le mouvement arabe a besoin de plus d’une génération. Nous avons abouti, en assimilant une culture de résistance, à la conviction que nous ne pouvons pas continuer à vivre comme nous vivons actuellement sous l’occupation, que nous ne pouvons pas permettre la poursuite de cette occupation. C’est pour cette raison que nous sommes obligés de poursuivre, malgré toutes les épreuves et les tribulations, toutes les douleurs, tous les sacrifices. Et indépendamment de tout cela, nous demeurons toujours attachés aux rêves de notre peuple avec pour objectif la restauration et le retour dans notre patrie, libérée des sionistes.

Au cours des dernières décennies, nous avons vu, au sein du mouvement palestinien, mais aussi plus généralement dans le monde arabe, un virage de la prédominance du nationalisme à la prédominance de l’islamisme. Ce qui était probablement préférable pour Israël, qui pouvait ainsi obtenir le soutien de l’Occident, chose plus difficile à atteindre quand Israël était face aux mouvements de libération nationale et aux régimes laïcs. Comment interprétez-vous ce retour à la religion ?

Notre région en tout cas possède la culture de l’Islam, et je ne veux pas dire seulement le religieux en tant que tel, mais la culture au sens large, et ce depuis 1400 ans. Même les chrétiens de la région ont été imprégnés par cette culture.  Le Dr. Habash, fondateur et leader historique du FPLP, est né chrétien, il estimait que les chrétiens savaient la culture de l’Islam parce que, depuis 1 400 ans, c’est la culture de tous en Arabie.

En Palestine, il y a des mouvements islamistes mais ils se sont dissous lorsque nous étions face à l’invasion sioniste et nous l’avons tous affronté dans l’unité. En Égypte, les Britanniques avaient fondé les Frères musulmans quand ils ont colonisé le pays. Mais ils n’étaient pas les leaders du peuple et des masses, du monde arabe.

En 1952, lorsque Nasser, avec ses camarades et l’armée ont fait leur révolution en Égypte, ils ont supprimé la Fraternité parce qu’il la considérait comme une menace interne. Mais cela a changé avec la guerre de 1967, lorsque la Palestine, le Golan et le Sinaï ont été occupés par Israël et lors de l’accord signé en 1973 entre Israël et l’Egypte qui s’est désolidarisée du conflit. L’Egypte est la puissance dominante dans le monde arabe.

En ce qui concerne les régimes arabes réactionnaires, ils ont dit qu’ils étaient avec le Palestiniens, mais ils nous ont poignardé dans le dos, malgré leur financement de la résistance palestinienne et de l’OLP.

Lorsque la résistance armée palestinienne fait son apparition après 1967 elle a été combattue par la Jordanie, le Liban et par Israël, bien sûr. La révolution palestinienne a été battue par les Israéliens, et en 1982, elle fut contrainte de quitter le Liban. Avant cela, elle avait été réprimée par la Jordanie, sous la direction de Henry Kissinger et de l’administration américaine, qui a planifié et réalisé l’ensemble du processus, en poursuivant une stratégie divisant les Palestiniens des Arabes pour traiter ensuite avec ces derniers. Le premier acte de Kissinger à Camp David (1973) a été de détacher l’Egypte du conflit. Il y a eu une résistance populaire contre l’accord en Égypte, car le peuple égyptien soutenait les Palestiniens, et les Egyptiens, qui étaient allés à la guerre trois fois contre Israël, l’ont perçu comme un acte ennemi. Cela a donné aux islamistes la possibilité de refaire surface, en permettant à cette opposition de s’exprimer.

Par ailleurs, certains croient que même aujourd'hui, Israël influence l’armée égyptienne.

C’est vrai dans une certaine mesure, mais cela l’est moins aujourd'hui. Pour revenir aux islamistes, Le Hamas, qui est la branche palestinienne des frères musulmans, a été fondé en 1988, pour participer à l’insurrection populaire palestinienne, l’Intifada. Ils ont été pris en charge par différents pays et par la Fraternité musulmane internationale. Mais ils n’ont pas rejoint l’union de la Résistance national palestinienne. Ils ont préféré rester sur leurs propres projets. Et bien sûr la Révolution iranienne contre le Shah a joué son rôle. Regardons maintenant ce qui s’est passé. En 1982, nous avons subi une défaite. La direction de l’OLP était sortie du pays. En 1990, l’Union soviétique et les pays socialistes s’effondrent. Nous avons perdu leur soutien. La cause nationale arabe a été rejetée. Il était donc très facile pour les groupes islamistes de se soulever à nouveau.

Alors c’est cela qui a entrainé la défaite de la cause nationale arabe.

Exactement. Voyant dans leurs sociétés que tout s’effondrait autour d’eux, ils se sont retournés vers l’Islam. Et ils ont cru dans les islamistes aussi parce que le Hamas et le Jihad mettaient en place une résistance, alors qu’ils provoquaient une scission.

Beaucoup de gens disent que les Arabes eux-mêmes sont responsables de ce qui se passe. Ils n’ont jamais réussi à s’unir, etc., etc.

C’est vrai. La responsabilité n’est pas seulement celle de nos ennemis. Nous le sommes aussi. Comment agissent-ils contre nos ennemis et contre nos peuples ? Au niveau officiel, les régimes arabes ne sont pas démocratiques. Ils ne font pas ce qu’ils devraient faire pour leurs peuples. Ils ne sont pas pour un développement durable démocratique. Leurs économies sont liées au centre impérialiste.

L’Union soviétique a joué un rôle dans la création de l’Etat d’Israël, mais plus tard elle a aidé les Arabes. Quel était l’effet de tout cela sur la gauche arabe ?

Les soviétiques ont développé de bonnes relations avec l’Egypte du temps de Nasser, comme avec la Syrie et avec l’Irak. Ils ont appuyé le Yémen du Sud dans sa lutte contre les Britanniques. Mais Malheureusement, tout cela s’est effondré avec la perestroïka, la glasnost, Gorbatchev et Eltsine. Ce fut une grande perte, dans un premier temps, pour ces peuples.

Comment voyez-vous le rôle de la Russie au Moyen-Orient aujourd'hui ?

Tout d’abord, elle veut défendre ses alliés. Elle veut prendre pied dans la région, conformément à ses intérêts. Mais sans principes, pour le besoin de groupes d’intérêts. Et c’est dans leur intérêt de défendre leur propre pays y compris au Moyen orient. En réalité, c’est un moyen pour se défendre. C’est pourquoi elle est intervenue pour soutenir le régime Assad contre l’Etat Islamique et les interventions étrangères. Parce que les américains en Irak mais aussi en Syrie, emploient subrepticement d’autres moyens.

Vous jugez l’intervention russe comme positive ou négative ?

Dans une certaine mesure, elle a contrecarré les tentatives pour renverser le régime. 

Récemment, nous avons vu des différenciations très graves et tout à fait inhabituelles au sein de l’establishment israélien, telles que les déclarations de l’ancien ministre de la défense et d’officiers supérieurs du Mossad, contre Nétanyahou, un langage très dur. Comment avez-vous interprété cela ?

Israël s’oriente davantage vers un certain extrémisme et se transforme en un Etat d’apartheid (de discrimination raciale). Mais ce n’est qu’un aspect. Un autre est que la société est sur une route qui conduit vers le fascisme. Tous les sondages indiquent que ce gouvernement est celui des colons et des extrémistes. Et un militaire âgé, sorti du pays, a récemment déclaré qu’il était préoccupé par le cours pris par la société et l’armée et que l'on pouvait voir dans la société et dans l’armée des caractéristiques comparables à celles qui avaient été relevées dans les années trente en Allemagne. Il a été très vigoureusement dénoncé par le gouvernement. Cependant il disait la vérité. Parce que de plus en plus de déclarations vont en ce sens qui considèrent Israël comme un État juif. Mais quand on dit État juif, c’est être en quelque sorte pour l’apartheid, car 20 % de la population d’Israël sont des Palestiniens.

Un tel un tournant historique, s’il est confirmé, serait très impressionnant. Étant donné le grand rôle joué par les juifs, leurs travailleurs et leurs intellectuels, un siècle auparavant, dans le mouvement socialiste international. Mais aussi eu égard à l’histoire de leur persécution, en particulier par l’extrême droite européenne. Il semble que ce peuple passe par un monumental « changement de paradigme ».

Voyez comment ils ont placé l’Holocauste comme pierre fondatrice de leur volonté à avoir un pays en Palestine et comment maintenant ils utilisent l’Holocauste contre les Palestiniens. Mais les Palestiniens n’ont aucune implication dans ce qui leur est arrivé en Europe lors des deux guerres mondiales. Nous étions sous mandat. Nous étions également sous un régime colonial.

La psychologie humaine veut que les êtres humains deviennent ce qu’ils doivent devenir. Je me demande s’il en va de même avec les nations. Un jour, en allant à Ramallah avec George Papandreou (ancien premier ministre grec) car nous devions y rencontrer Arafat, j’ai vu écrit sur une brique, à côté d’un point de contrôle, le mot « Achtung ! » (« attention » en allemand). Alors qu’il n’y a par-là aucun Allemand. J’ai pensé que j’entrais symboliquement dans le ghetto de Varsovie.
Les fascistes y sont en action contre les Palestiniens.

En parlant de fascisme, j’ai été impressionné par les liens entre de nombreuses organisations d’extrême-droite européennes avec des cercles en Israël. Étant donné leur idéologie et l’histoire d’Israël jusqu'à maintenant, c’était la dernière chose à laquelle on pouvait s’attendre.

Il nous a fallu vingt ans pour éduquer notre peuple à comprendre que le judaïsme comme religion est une chose et le sionisme une autre. Quand nous étions enfants et que notre mère voulait nous punir ou nous faire peur, elle disait : « Je vais le dire aux juifs. » Les juifs ont toujours été nos ennemis. Mais nous avons changé cela. Notre peuple n’assimile pas les juifs aux sionistes. Ils comprennent qu’un juif est un être humain. Mais bien sûr avec les juifs et Israël des choses étranges se produisent. Par exemple les candidats à la présidence américaine soulignent habituellement dans leur programme la sécurité d’Israël, pour la sécurité des USA !

Que pensez-vous de Trump ?

Il est fou (elle rit). Mais je dirai ceci. Au début de sa campagne, il a dit « je résoudrai pacifiquement le conflit avec les Palestiniens. » Ils disent tous cela. Bush l’a dit ainsi qu’Obama. Mais ils ne font rien. Il y a un fort lobby, et ils ne peuvent y échapper. Plus tard Trump a mis l’accent sur la sécurité d’Israël. J’ai l’impression que s’il est élu, ce sera un désastre pour les Etats-Unis. Il veut avoir des fichiers sur les musulmans et arrêter l’immigration musulmane, même si les Usa ont besoin d’immigrés pour des raisons économiques.

Mais bien sûr aux Etats-Unis, ce n’est pas seulement le Président qui fait la politique. C’est un pays avec des Institutions. L’industrie de guerre et l’AIPAC (le plus important lobby pro-israélien aux Etats-Unis) ont aussi leur influence sur le Président. Après Bush et la guerre en Irak, l’image des États-Unis dans le monde a été endommagée. Donc ils ont élu Obama, le premier Président noir de l’histoire de la États-Unis, un communicant exceptionnel qui a déclaré « Pourquoi sommes-nous tant hais ? »

Vous présentez Obama comme une simple relève de la garde. Mais il est en désaccord avec Netanyahou et il a arrêté le plan de guerre avec l’Iran. Ce n’est pas négligeable.

Entre Israël et les Etats-Unis, il y a un puissant lien de soutien de ce dernier en termes économiques et militaires. Netanyahou veut davantage d’aide économique tout en poussant continuellement vers de nouvelles guerres. Les américains ont étudié les résultats de la guerre en Irak. Ils sont allés à la guerre dont le seul résultat a été la destruction de l’Irak. Ils ont détruit le pays et laissé dans un état de guerre civile. Ils ont fait cela parce qu’ils pensaient que cet État était une menace pour Israël. Après il y a eu la Syrie, dans le cadre du projet américain du « Nouveau grand Moyen Orient », avec Israël comme plus grande puissance dans la région.

Pourtant, il y a des différenciations puissantes à l’intérieur de l’establishment américain. Ce que vous venez de décrire c’était principalement le plan des néoconservateurs.

Ce sont des divergences de tactique, pas d’importants désaccords. Le plan américano-sioniste voulait la destruction des trois plus grandes armées arabes : l’Irak, la Syrie et l’Egypte. Ces trois pays sont aussi des pays de grandes civilisations. Regardez ce qui ils ont fait à Bagdad, lorsqu’ils l’occupèrent : le pillage et la destruction du Musée. Ils vont maintenant refaire la même chose en Syrie, mais avec l’aide de l’Etat Islamique.
 
Vous pensez que les américains ont créé l’Etat Islamique ?

Oui. Ils l’ont fondé en Irak et ils l’utilisent. Même s’ils disent qu’ils sont en lutte contre le terrorisme. Il y a eu de nombreux appels pour une conférence pour définir ce qu’est le terrorisme. Mais ils ne l’ont jamais tenue. Parce qu’ils veulent utiliser le terme « terrorisme » comme ça les arrange.

Vous êtes une terroriste pour eux, même si je reconnais que vous ne ressemblez pas à un terroriste.

Je ne suis pas intéressée par ce qu’ils disent à propos de moi. Je sais qui je suis et mon peuple me connait et cela me suffit.

 Sur un site russe, Spoutnik, j’ai récemment lu un article disant que la Russie pourrait remplacer les Etats-Unis comme allié stratégique d’Israël. Pourrait-ce que cela arrive ?

Non, ce n’est pas possible. Leurs intérêts sont différents.

Ils ont détruit l’Irak et la Libye et en partie la Syrie. Ces trois États étaient fondés sur un équilibre précis entre leurs composantes nationales et issus en partie d’une stratégie colonialiste. Ne pensez-vous pas qu’il est possible qu’il y ait un retour au statu quo antérieur, par exemple en Syrie. Ou une possible Fédération, par exemple ?

Il s’agissait pour eux de détruire la Syrie.

L’intervention des russes les en a empêché.

Pas seulement. Le régime lui-même a résisté. L’armée a défendu le régime et le pays, contre les criminels qui arrivaient de partout du monde en Syrie sous les drapeaux de l’Etat Islamique, Al-Qaïda, Al-Nostra, etc.

Mais à l’origine des troubles, il y a eu un mécontentement social contre le régime d’Assad...

Bien sûr, mais ce n’est pas le seul pays où il y a des troubles. Regardez, la Syrie elle a pu résister car elle n’était pas endettée et elle était économiquement viable. Depuis le temps que les Américains lui ont imposé des sanctions, Assad, avant la guerre, avait pris les mesures appropriées pour l’agriculture et l’élevage. La Syrie avait assez de pain pour nourrir la population. Elle n’a pas besoin de l’importer. Il s’est assuré aussi, pendant quatre ans, son approvisionnement en viande.

Il est vrai qu’il n’y a pas de démocratie, tout comme elle n’existait pas dans l’URSS non plus. C’est l’un de ses grands échecs. Donc d’une certaine manière, le régime a été en mesure de résister à la pression et il ne s’est pas effondré comme en Libye. Si vous critiquiez l’intervention étrangère, c’était que vous étiez avec le régime. Si vous critiquiez le régime, c’était que vous faisiez partie de la conspiration contre lui. Les Russes sont arrivés plus tard, à la fin.

Nous, le Front populaire de libération de la Palestine, nous avons une position claire dès le départ. Nous ne sommes pas partie prenante de cette crise. Nous sommes des réfugiés en Syrie. Le peuple de Syrie a le droit de prendre des décisions pour son pays. Nous soutenons les revendications populaires pour la démocratie et la liberté. Mais c’est le peuple syrien qui a le droit de modifier son régime. Ce n’est pas notre tâche. Nous avons nos propres problèmes avec Israël. Ni l’opposition ni le régime n’ont été ouvertement satisfaits par notre position, qu’ils ont désapprouvée. Mais nous n’avons pas quitté la Syrie. Nous allons rester ici parce que nous n’avons nulle part ailleurs où aller. Et ils nous respectent en tant que Palestiniens en Syrie. 600 000 Palestiniens vivent en Syrie, bien que beaucoup l’aient quitté à cause de la crise.

Comment voyez-vous le rôle des Kurdes aujourd'hui ?

Ils se servent d’eux maintenant. Barzani est avec les Israéliens et il en va de même pour les Kurdes d’Irak. Des entreprises israéliennes sont présentes actuellement dans le Kurdistan irakien.

Qu’en est-il des Kurdes en Turquie et en Syrie ?

Ils ont un droit à l’autonomie en Turquie et en Syrie.

Autonomie ou État ?

Les Kurdes vivent dans quatre pays : Turquie, Syrie, Irak et Iran. S’ils veulent s’en séparer je ne pense pas que cela fonctionnera. Ces pays ne sont pas alliés. Mais quand il s’agit de la Question kurde, ils le deviennent tous !

Le plan d’une Fédération en Syrie ?

Je suis en désaccord avec elle. Ce plan fait partie d’un projet pour la partition de la Syrie.

Leila Khaled, palestinienne, militante du FDLP, dès l’âge de 15 ans, est aujourd’hui membre du Conseil national palestinien (CNP) et de l’Union générale des femmes palestinienne

Athènes, septembre 2016

https://www.utopie-critique.fr/index.php/21-actualites/actualites/356-leila-khaled-figure-historique-de-la-resistance-palestinienne

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