lundi 31 août 2015

Etat espagnol. «Nous ne pouvons pas cogérer des coupes budgétaires avec le PSOE» - Entretien avec Teresa Rodriguez


Teresa Rodríguez (née à Rota, province de Cadix, en 1981) a été cinq mois à la tête du groupe parlementaire de Podemos en Andalousie ainsi que deux mois supplémentaires en tant que secrétaire régionale du parti. Auparavant, elle a été eurodéputée et l’une de personnes à la tête de l’orientation alternative à celle présentée par Pablo Iglesias lors de l’Assemblée constituante de Vistalegre [octobre 2014]. Au cours de cette période, elle a consolidé son leadership en Andalousie, surtout lors des négociations en vue de l’investiture de Susana Díaz [membre du PSOE, dirigeante du gouvernement autonome d’Andalousie]. 

Rodríguez discute avec le journal en ligne eldiaro.es lors d’une pause des travaux de l’Université d’été des Anticapitalistas, l’ancien parti qui participa à la fondation de Podemos et qui s’est aujourd’hui transformé en association. Elle essaie de passer inaperçue et se reposer mais elle est, au contraire, la personne la plus cherchée et saluée parmi celles qui sont présentes. L’entretien se déroule quelques heures avant qu’elle prononce une phrase qu’elle a dû ensuite nuancer: «J’ai peur que nos jambes tremblent comme c’est arrivé à Tsipras.» Une phrase qu’elle a aussi exprimée à eldiaro.es alors que la démission du premier ministre grec était à l’ordre du jour. «Le PSOE a été le premier à avoir les jambes qui tremblent, je me souviens du Zapatero de 2010», assure-t-elle.

Quelles sont les attentes en vue des élections générales?

Teresa Rodríguez: Les attentes sont toujours élevées. Nous ne pouvons courir le risque de nous accoutumer aux coupes budgétaires, aux licenciements, etc. Pour l’heure, cela ne passe pas: il y a toujours de l’indignation face à la soumission à un nouveau cadre de relations sociales. Nous avons pour cela besoin d’un bon résultat lors des élections générales [350 élus au Congrès et 208 au Sénat, les 58 restants sont nommés par les parlements autonomes, la date des élections sera fixée entre le 20 novembre et le 20 décembre], et nous allons travailler à fond pour cela en Andalousie, où se gagnent en grande partie les élections.

dimanche 30 août 2015

« Messieurs du gouvernement, vous n’avez pas le droit de placer sur les épaules du pays un nouvel emprunt, en acceptant le paiement d’une dette illégale», par Zoe Konstantopulou

 
Nous reproduisons le discours prononcé à l’aube du 14 août 2015 par la Présidente du Parlement grec Zoe Konstantopoulou un peu avant le vote du troisième mémorandum imposé à la Grèce. Dans un vacarme indescriptible produit par des invectives et des insultes lancées par les députés des partis de droite qui cherchaient à la déstabiliser, Zoe Konstantopoulou a tenu un discours d’une grande portée. Accueilli par un silence glacial des dirigeants de son propre parti Syriza, le discours de Zoe Konstantopoulou a marqué la rupture avec Alexis Tsipras et son gouvernement. Il a surtout donné un fondement supplémentaire et très solide à celles et ceux qui résistent aux diktats des créanciers et à la capitulation.
 
Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, pour commencer, je voudrais attirer votre attention sur le fait que le projet de loi introduit devant le Parlement – ‘introduit’, ici, est à prendre aussi bien au sens propre qu’au sens figuré [ndlt : en grec : « eisagomeno » signifie « introduit », mais aussi « importé de l’étranger »] – est inconstitutionnel pour les motifs invoqués dans les exceptions d’inconstitutionnalité déposées par le Syriza le 7 novembre 2012, que j’ai eu l’honneur de présenter et dont je soumets une copie aux Actes de la Chambre ; le 14 novembre 2013, que j’ai eu l’honneur de présenter et dont je soumets une copie aux Actes de la Chambre ; le 30 mars 2014, motifs que j’ai eu l’honneur de présenter pour le compte du groupe parlementaire du Syriza et dont je soumets une copie aux Actes de la Chambre, mais aussi pour les raisons invoquées par le Premier Ministre de Grèce, Alexis Tsipras lors de son discours du 14 décembre 2010, discours dont je dépose une copie aux Actes de la Chambre, ainsi que lors du discours du Premier Ministre, monsieur Alexis Tsipras, prononcé lors de la séance d’adoption du Deuxième Mémorandum de la Loi 4046 de 2012, dont je remets une copie aux Actes de la Chambre, pour les raisons évoquées par le Premier Ministre, M. Alexis Tsipras, lors de son allocution du 23 février 2012, dont je soumets une copie aux Actes de la Chambre, pour les raisons évoquées par le Premier Ministre, M. Alexis Tsipras, lors de son discours prononcé à l’occasion du vote de ratification du Programme à Moyen Terme, dont je soumets une copie aux Actes de la Chambre, lors des débats sur les mesures d’urgence d’application des Lois 4046, 4093 et 4127, dont je soumets une copie aux Actes de la Chambre, de la loi 4224 de 2013 dont je remets une copie aux Actes de la Chambre, et enfin de la Loi 4254 de 2014 dont je remets une copie aux Actes de la Chambre.

Mesdames et messieurs les  députés, cher-es collègues,

La COP 21, sommet provisoire du mensonge, du business et du crime climatiques, par Daniel Tanuro


Les premières mises en garde scientifiques sur le danger du réchauffement global remontent à plus de cinquante ans. Elles ont fini par être prises suffisamment au sérieux pour que les Nations Unies et l’Organisation Météorologique Mondiale créent, en 1988, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC).

Des premiers avertissements à l’urgence absolue

Depuis sa création, cet organe d’un type particulier (ses évaluations sont rédigées par des scientifiques, mais les « résumés pour les décideurs » sont négociés avec les représentants des Etats) a remis cinq volumineux rapports. Tous ont validé les hypothèses de départ: la température moyenne de surface de la Terre augmente, cette augmentation est due quasi-totalement aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre, et le plus important de ceux-ci est le gaz carbonique provenant de la combustion des combustibles fossiles. (1)

Le GIEC le répète depuis plus de vingt-cinq ans : en l’absence de réduction forte des émissions, le réchauffement entraînera une hausse du niveau des océans, une multiplication des évènements météorologiques extrêmes, une baisse de la productivité agricole, une diminution de l’eau potable disponible, un déclin accentué de la biodiversité ainsi que des conséquences sanitaires. Ce n’est pas le seul problème environnemental, mais c’est sans aucun doute le problème central.

Les cinq rapports ne se distinguent que par la précision et le niveau de probabilité accrus des projections. De plus, avec le temps écoulé depuis la création du GIEC, les projections peuvent être comparées aux observations et la conclusion est inquiétante : la réalité est pire que ce que les modèles annonçaient (2).

vendredi 28 août 2015

Grèce. Stathis Kouvelakis : « Aucune illusion sur le carcan de l’euro »

 
Membre de la direction d’Unité populaire, Stathis Kouvelakis détaille, pour l’Humanité, les grands axes programmatiques du parti créé par les dissidents de Syriza en vue des élections de septembre. 
 
Athènes (Grèce), envoyé spécial. 

Quel est le point de non-retour au sein de Syriza qui vous conduit aujourd'hui à créer un nouveau parti, Unité populaire ?

Stathis Kouvelakis. C'est à la signature de l'accord du 13 juillet. La fracture était apparue avant, quand, en l'espace de quelques jours, le « non » du référendum a été transformé en « oui » et quand le gouvernement grec est allé négocier à Bruxelles avec un mandat qui signifiait de fait l'acceptation du cadre austéritaire. Mais c'est la signature par Alexis Tsipras de l'accord qui a ouvert le processus conduisant à la scission de Syriza - il faudrait d'ailleurs parler plutôt de désintégration de Syriza. Il y a eu ensuite les deux votes au Parlement sur les deux paquets de mesures préliminaires à l'accord, puis celui sur le memorandum qui est venu sceller la rupture. Le gouvernement Tsipras a signé le memorandum sans jamais, à aucun moment, obtenir l'approbation d'une quelconque instance de Syriza. Alexis Tsipras ne peut pas se réclamer d'un seul texte, d'une seule décision qui l'autorisent à faire ce qu'il a fait ; au contraire, les rares fois où le Comité central s'est réuni depuis que Syriza est au pouvoir, il a pris des décisions qui, toutes, allaient dans le même sens : en aucun cas, nous ne signerons un memorandum. « Tout sauf ça ! » Et ce qui est arrivé, c'est précisément ce qui était en principe totalement exclu. Autant la coexistence dans un même parti de courants, de sensibilités ayant des désaccords, y compris sur la question de l'euro, était possible tant que l'objectif central du renversement des memorandums était maintenu, autant la coexistence dans un même parti de tenants de la signature d'un memorandum et d'opposants ne l'était pas. Quand Alexis Tsipras a décidé d'accepter un memorandum, il prenait dans le même geste la décision de dissoudre son parti !

mardi 25 août 2015

Liban: Que le 22 août soit la première étincelle de notre soulèvement contre le régime sectaire et capitaliste


Au cours de l’hiver 2011, la participation du peuple libanais dans le soulèvement arabe s’est exprimée par des manifestations pour renverser le régime sectaire, et l’instauration d’une société et un Etat laïcs fondés sur la justice sociale et l’égalité, comme un  pas important vers un changement révolutionnaire à tous les niveaux, social, politique et économique. Mais la contre-révolution a rapidement réagi pour saboter ce processus et le pouvoir a réussi à travers ses partis à saper et à détourner ce mouvement.

Aujourd’hui, l’effervescence revient à la rue sous l’impact de la crise des déchets, qui a montré de nouveau le vrai visage du régime, éclaboussé d’ailleurs par d’innombrables scandales et débâcles, dont le pillage des richesses nationales, le détournement des biens publics et le saccage de tous les aspects de la démocratie. Sans parler de la privation des citoyens de leurs droits sociaux et économiques (comme le montre la façon de gérer les promotions et les salaires), et la mise en œuvre d’une loi dont l’application va engendrer la marginalisation et l’extrême paupérisation d’une large frange de la population, et par ailleurs permettre aux banques de piller la majeure partie du revenu national, et renforcer leur mainmise sur l’ensemble de la société.

Russie : Oleg Sentsov et Alexandre Koltchenko condamnés à 20 ans et 10 ans de "camp à régime sévère"


Retenez ces noms : Sergueï Mikhaïlouk, Viatcheslav Korsakov et Edouard Korobenko, ce sont les « juges ». Sur la première vidéo ci-dessous ils viennent de finir la lecture du verdict. Ils quittent précipitamment la salle dès qu’Oleg Sentsov et Alexandre Koltchenko entonnent l’hymne ukrainien, hymne de liberté, hymne national chanté par l'anarchiste et le cinéaste pour annoncer que la bataille ne fait que commencer. 

Car elle ne fait que commencer. 20 ans et 10 ans ? C'est le signe d'un pouvoir qui veut faire le fort parce que monte sa peur. De son propre peuple, du peuple ukrainien, et des habitants de toutes nationalités de Crimée.

Toutes les caractéristiques d'un procés stalinien en mode grotesque - tenter de faire passer un cinéaste reconnu internationalement et un anarchiste antifasciste pour des "nazis ukrainiens", c'est digne du Ku Klux Klan faisant passer ses victimes pour des agents de la conjuration maçonnique ! - ont été réunies du côté de l'accusation. A quoi s'ajoute le caractère de démonstration poussive d'un impérialisme néocolonial et ethnique.

Toutes les caractéristiques de la défense héroïque des accusés populistes, libéraux, anarchistes, bolcheviks, mencheviks, socialistes-révolutionnaires, ukrainiens, juifs, géorgiens ... de l'empire des tsars, dénonçant les mauvais traitements dont ils sont les victimes, faisant du tribunal une tribune, étaient réunies du côté des accusés.

Cette contradiction résume la situation réelle. Elle sera dénouée, et pas en 20 ans, ni en 10 ans.

Oleh Sent'siv et Alexandr Koltchenko seront chaque jour qui passe le symbole vivant de la lutte contre l'Etat, contre l'arbitraire, contre l'absurde. La plaie ne se refermera pas tant qu'ils ne seront pas libres.

vendredi 21 août 2015

Grèce : "L'Unité populaire" est née !, par Stathis Kouvelakis


Tôt dans la matinée, 25 députés de SYRIZA ont quitté le groupe parlementaire de leur parti pour créer un nouveau groupe sous le nom d’Unité Populaire. La plupart de ces députés sont affiliés à la plateforme de gauche, mais d'autres également se sont joints comme Vangelis Diamantopoulos ou Rachel Makri, un proche collaborateur de Zoe Kostantopoulou. 

C'est une évolution majeure dans la politique grecque, mais aussi pour la gauche radicale, en Grèce et à un niveau international. 

Trois éléments doivent être soulignés. Le premier est que "Unité Populaire" est le nom du nouveau front politique qui regroupera les treize organisations de la gauche radicale qui ont signé le texte du 13 août appelant à la constitution du Front du Non. Ce Front est, par conséquent, le premier résultat concret d'une recomposition au sein de la gauche radicale grecque. Une recomposition qui tire les leçons de ces cinq dernières années et bien sûr, de l'expérience de Syriza au pouvoir et de la catastrophe qui en résulte. 

Le deuxième est que l'objectif du front est de constituer l'expression politique du Non, comme il a été exprimé dans les élections de janvier et lors du référendum du 5 juillet. Les principales lignes programmatiques sont la rupture avec l'austérité et les mémorandums, le rejet de tous les privatisations et la nationalisation sous contrôle social des secteurs stratégiques de l'économie, en commençant par le système bancaire, et, plus largement, un ensemble de mesures radicales qui feront pencher l’équilibre des forces en faveur du travail et des classes populaires et qui ouvrira le chemin de la reconstruction progressiste du pays, de son économie et de ses institutions. Ces objectifs ne peuvent être réalisés sans sortir de la zone euro, comme la récente catastrophe l’a abondamment démontré, et sans rompre avec l'ensemble des politiques institutionnalisées par l'UE. Le Front luttera également pour un combat internationaliste unitaire autour d'objectifs communs à l'échelle européenne et internationale et appuiera la sortie de l'OTAN, la rupture des accords existants entre la Grèce et Israël et l’opposition radicale aux guerres et interventions impérialistes. 

jeudi 20 août 2015

Etats-Unis. Les élections de 2016 et Black Lives Matter, par Socialist Worker


Ce mois-ci, deux prises de bec, avec des conclusions très différentes, entre les activistes du Black Lives Matter et des candidats démocrates pour les primaires en vue des élections présidentielles de 2016 jettent une lumière autant sur les démocrates et leur réponse faite de paroles vaines et d’absence d’action face aux revendications de justice raciale que sur la politique du mouvement Black Lives Matter et les défis auxquels il fait face un an après la rébellion de Ferguson. 

Le premier événement a fait la une des médias. Le 8 août, deux activistes de premier plan du Black Lives Matter occupèrent la tribune lors d’un meeting, à Seattle, du sénateur du Vermont, Bernie Sanders [candidat à l’investiture du Parti démocrate] en défense de la sécurité sociale, du Medicare [assurance maladie pour les personnes de plus de 65 ans] et du Medicaid [assurance maladie pour les personnes à très faible revenu]. Les deux activistes repoussèrent les tentatives des organisateurs de reprendre le micro et continuèrent à s’exprimer alors que la foule –  dont une grande partie a attendu une heure et demie pour écouter Sanders parler sur ces trois programmes sociaux centraux – devenait impatiente.

Des allégations folles commencèrent immédiatement à circuler sur Internet. Les deux femmes auraient, en fait, été envoyées par la campagne d’Hillary Clinton [elle aussi candidate] ou même seraient des instruments du Parti républicain. Mais il y eut aussi des affirmations selon lesquelles les organisateurs du meeting avaient appelé la police pour arrêter les militantes et que la foule à laquelle elles faisaient face était «une bande de racistes blancs hurlant», ainsi qu’elle fut qualifiée par les activistes à la tribune. 

De la presse à grande diffusion aux médias sociaux, la plupart des récits dépeignaient le conflit comme étant un symbole des profondes divisions et de l’hostilité entre deux camps progressistes: d’un côté, le mouvement Black Lives Matter qui se développe en protestation contre la violence policière raciste croissante et épidémique; et, de l’autre, les mobilisations populaires qui s’expriment en faveur de la campagne de Sanders, centrées sur les inégalités sociales et économiques.

Ce conflit est faux et nuisible. A gauche, pour tout le monde, tenter de surmonter cette polarisation est un défi.

lundi 17 août 2015

Chine. «Accidents industriels» et désastre écologique, par Richard Smith


Le mercredi 13 août 2015, aux alentours de 23h30 (heure locale), de puissantes déflagrations sont survenues dans la zone portuaire de Tianjin, un des dix plus grands ports du monde. Il semble qu’un incendie dans un entrepôt propriété de la firme Tianjin Dongjiang Port Ruihai International Logistics – qui était autorisée à stocker des «produits dangereux» malgré ses manquements en matière de sécurité –  soit à l’origine des explosions. Les autorités ont, de suite, arrêté des «cadres» de cette firme. Ce qui s’inscrit dans la politique traditionnelle comme l’explique un responsable de l’ONG China Labour Bulletin, basée à Hong Kong: «En général, dans ce type de cas, les autorités trouvent des boucs émissaires, certains responsables vont être licenciés ou rétrogradés, mais les choses vont finalement très peu changer, en dépit de la grande publicité qui entoure cette tragédie.» 
 
En date du 16 août, le pouvoir se devait aussi de reconnaître la mort de 114 personnes et l’hospitalisation de 722 blessés et la disparition de 85. Le funeste décompte n’est pas terminé. Le même jour, le général Shi Luze, chef d’état-major de la région militaire de Pékin – la capitale se trouve à quelque 140 kilomètres de cette ville de 14 millions d’habitants –, était contraint de reconnaître que plusieurs centaines de tonnes de matériau hautement toxique se trouvaient entreposées en deux points du site. La presse chinoise, pourtant étroitement contrôlée, avait déjà indiqué la présence de 700 tonnes de cyanure de sodium. Les médias internationaux suivent cet «accident industriel» difficile à camoufler. D’autant plus que dans cette zone sont installées Toyota et Renault. Les parcs de voitures qui flambent en témoignent.

Les projecteurs se sont moins focalisés sur deux autres «accidents» survenus  un jour avant. En effet, dans la nuit du 11 au 12 août 2015, une explosion sur un gisement de charbon et de gaz a tué 13 personnes dans la province du Guizhou (sud-ouest). Un fait courant. En 2014, dans les mines de charbon 921 travailleurs n’avaient-ils pas été «enregistrés» comme décédés, suite à un accident? La même nuit du 11 au 12 août, un glissement de terrain sur le site de vanadium (métal rare) à Shangluo (sud) a enseveli plus de 60 ouvriers dans les dortoirs de la mine.

dimanche 16 août 2015

Grèce : des questions, quelques réponses, par Samy Joshua



1
 
.     Euro ou pas euro ?

Si on considère cette question comme concernant seulement l’outil monétaire au sens restreint on n’aperçoit qu’une partie du problème. La question ne devient claire que si on l’élargit à l’ensemble de la structure dont l’euro est un rouage. La structure, c’est celle de la zone euro dans sa globalité (traités, institutions, monnaie, rapports de force historiques, ou conjoncturels) et c’est le bon niveau pour tenter de répondre à la question. Certes les politiques libérales et pro capitalistes peuvent être (et sont) conduites hors de cette structure, même en Europe, à l’exemple de la Grande Bretagne. Ce n’est donc pas la structure qui les produit. Mais si, par hypothèse, un gouvernement anticapitaliste, ou même juste social démocrate à l’ancienne, voyait le jour en Grande Bretagne, il y aurait toute une plage de mesures possibles antilibérales avant de se heurter au cœur du capitalisme, ou même aux traités signés à l’échelle de l’UE ou de l’OMC. La globalisation a réduit ces marges par rapport, par exemple, aux débuts de la présidence Mitterrand. Mais elles demeurent sans comparaison avec ce qui n’est plus possible, du tout, au sein de la zone euro. Considérant le cadre global de celle-ci, la réponse à la question « euro ou pas » est alors indirecte. Il faut faire sauter le carcan de la zone euro dans sa globalité, c’est la condition pour des politiques alternatives. Techniquement rien ne dit que ce ne soit pas formellement possible en maintenant l’euro comme monnaie. De même, et tout aussi théoriquement, il y a une distinction entre faire sauter le carcan de la zone euro et la mise en cause plus générale de l’’UE. Mais un pays qui se dressera contre la politique néolibérale connaîtra inévitablement une grave crise bancaire, par retrait des dépôts et fuite des capitaux. Si la BCE avait le comportement normal d’une banque centrale, elle pourrait parfaitement y faire face, en fournissant les liquidités nécessaires (elle crée elle-même sa propre monnaie). Mais elle est l’outil de combat du néolibéralisme. C’est ainsi qu’elle a étranglé les banques grecques, leur maintenant tout juste la tête hors de l’eau, pour qu’on ne puisse pas dire qu’elle avait abandonné ses propres banques, mais en mettant hors service tout l’appareil financier de la Grèce. Or aucune économie moderne ne peut vivre  sans un tel appareil. Il n’y a qu’un seul moyen d’éviter une telle catastrophe si elle se développait : quitter l’euro, passer à sa monnaie nationale et disposer ainsi de l’aide de sa propre banque centrale, qui fournira toutes les liquidités nécessaires. Ce qui ne veut pas dire que la sortie de l’euro aura nécessairement lieu lors de l’épreuve de force qui accompagnerait la mise en place d’une politique alternative. Mais ce qui veut dire qu’il faut absolument y être prêt, techniquement et surtout politiquement, et la mettre en œuvre si nécessaire.

2.     Est-il vrai que ce qui s’est passé à propos de la Grèce serait différent si un pays plus puissant, comme la France, s’engageait dans la rupture ?

vendredi 14 août 2015

Grèce: vers la constitution politique du Front du Non, par Stathis Kouvelakis


Les développements à Athènes sont dramatiques et leur rythme s’accélère. Dans les prochaines heures, le parlement grec votera le nouveau, troisième, Mémorandum d’accord entre le gouvernement Syriza et les Européens en suivant la procédure expresse, qui est maintenant la norme, d’une seule journée (et d’une nuit …) de «débat». Les députés Syriza de la plate-forme de gauche ont déjà annoncé qu’ils voteront Non, et le nombre de celles et ceux qui s’apprêtent à faire la même chose est encore inconnu. Parmi eux, il y aura certainement Zoe Kostantopoulou, la présidente du Parlement grec qui mène actuellement une lutte acharnée pour que les procédures ultra-minimales du débat parlementaire soient respectées. Son attitude a déclenché contre elle une immense offensive médiatique qui est désormais ouvertement soutenue par les membres du gouvernement et des députés Syriza pro-gouvernementaux.
 
Un autre développement majeur a été l’appel lancé aujourd’hui pour la mobilisation populaire et la constitution de comités contre le Mémorandum à travers le pays par les dirigeants de la plate-forme de gauche de Syriza (Panagiotis Lafazanis du Courant de Gauche, et Antonis Ndavanelos de DEA / Réseau-Rouge) et des personnalités de douze autres organisations de la gauche radicale grecque. Parmi eux, deux (ARAN et ARAS) sont des éléments fondateurs de Antarsya. Cet appel est largement considéré comme la première étape publique vers la constitution d’un nouveau front politique qui regroupera un large éventail de forces de la gauche radicale opposées au nouveau Mémorendum et au revirement néolibéral du gouvernement Syriza.

Le Mémorendum sera certainement voté par une large majorité au Parlement, avec l’appui du centre-droit et des partis de droite. Cependant, il est fort probable que le gouvernement va perdre le soutien au sein de son propre groupe parlementaire et fera appel à des élections anticipées dans un délai d’un mois. La raison principale pour cette initiative sans précédent est d’empêcher l’opposition de gauche émergente à sa politique de s’organiser, et aussi d’être en mesure d’organiser des élections avant que l’impact concret des nouvelles mesures d’austérité commence à se faire sentir. Dans tous les cas, ces élections seront le premier test pour le nouveau front anti-austérité qui se cristallise autour de la plate-forme de gauche. Les prochains jours seront cruciaux.

jeudi 13 août 2015

Grèce : des leçons à tirer avec prudence et sérieux, par Jean-Claude Mamet, Roland Mérieux et Francis Sitel




La récente séquence que vient de connaître la Grèce représente un traumatisme considérable, pour la Grèce et Syriza bien sûr, et aussi à un moindre degré pour toutes les gauches européennes.

Il faut travailler à analyser la situation ainsi créée. Cela en se gardant de « penser trop vite » et de tirer des leçons définitives se contentant en fait de répéter des schémas préétablis.

Il convient donc d’organiser cette réflexion collective, à partir des nombreuses contributions existantes et d'autres à venir. Nous soumettons celle-ci à la discussion.
Dans le même temps nous pensons que nous devrions être collectivement vigilants à ne pas nous laisser déborder par certaines accélérations qui peuvent conduire à la cristallisation de positionnements politiques non maîtrisés. Ainsi circulent à présent de multiples rumeurs sur le fait qu'une scission de Syriza serait inévitable, voire souhaitable.

Il nous semble qu'il nous faut veiller à ce que nos échanges ne puissent être perçus comme alimentant à quelque titre que ce soit une telle vision. D'où la petite note ajoutée à notre contribution.


L'acceptation par le gouvernement Tsipras des diktats du pouvoir européen le 13 juillet, en contradiction avec ses engagements à refuser les mémorandum précédents, a représenté un événement politique majeur dont on ne saurait relativiser l'importance. Mais qu'il ne faut pas non plus, à ce stade, absolutiser, pour en tirer des leçons définitives. C'est la fin d'une séquence, pas celle de toute l'histoire, qui est de confrontation inédite entre un gouvernement de gauche radicale et la politique ultralibérale, d'austérité et d'autoritarisme, défendue par l'ensemble des classes dirigeantes européennes et les institutions de l’Union européenne.

mercredi 12 août 2015

Le diktat de l’UE accepté par le gouvernement grec est une défaite pour tous les travailleur.e.s d’Europe. Construisons la contre offensive, par la 4ème internationale


AVEC LE DIKTAT DE L’UE ACCEPTE PAR LE GOUVERNEMENT GREC, CE SONT TOUS LES TRAVAILLEUR-SE-S D’EUROPE QUI VIENNENT DE SUBIR UNE DEFAITE

EN GRECE ET DANS TOUTE L’EUROPE CONSTRUISONS LA CONTRE OFFENSIVE

La signature par le gouvernement Tsipras de l’accord exigé par la Troïka et la mise en place d’un troisième mémorandum en Grèce représentent une indéniable victoire pour les forces capitalistes en Europe.

Cette signature est le reniement du mandat donné par le peuple grec avec le NON massif recueilli lors du référendum du 5 juillet dernier. Lors de celui-ci, un vote de classe a, sans aucune ambiguïté possible, rejeté le projet d’accord exigé par la Troïka. A travers ce vote était réaffirmé avec force le refus des politiques d’austérité et de misère qui avaient été celles des deux premiers mémorandums mis en œuvre par les partis conservateur et social-démocrate, refus qui avait déjà conduit à la victoire de Syriza en janvier dernier.

Cette volte-face a été manifeste dès le lendemain du référendum. Tsipras, pour suivre les exigences des négociateurs de l’Eurogroupe, rédigeait une déclaration d’Union nationale avec les partis soumis à la Troïka (Nea Democratia, PASOK et To Potami) qui venaient d’être désavoués dans les urnes.

lundi 10 août 2015

« Erdogan prend prétexte de la lutte contre Daech pour régler ses comptes avec le PKK et les kurdes » : entretien avec Patricia Lalonde

 
Patricia Lalonde, chercheuse à l’institut de Prospective et de Sécurité en Europe (IPSE) et responsable de MEWA, une ONG engagée dans la défense des droits des femmes, revient sur le choix récent du président turc Erdogan d’intervenir dans le conflit syrien. Entretien.


Comment percevez-vous la volte-face du président de la République turque, Recep Tayyip Erdogan, qui depuis dix jours, attaque à la fois Daech et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK)? 

Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une volte-face. Le président Erdogan a toujours eu, depuis le début de la guerre en Syrie, une stratégie pour le moins trouble, que ce soit vis-à-vis de Daech ou bien des Kurdes. Il applique dans cette affaire une stratégie du « boutefeu» qui consiste à contrer les Kurdes par tous les moyens.

L’intensification de cette lutte sans merci contre les kurdes s’est déclenchée au moment où ces derniers ont gagné des batailles militaires importantes contre Daech, comme à Kobané ou plus récemment à Tal Abyad au nord de la Syrie.

Plusieurs facteurs expliquent l’attitude du président Erdogan. : tout d’abord, les Kurdes syriens du Parti de l’Union Démocratique (PYD) et leur branche militaire du (YPG) sont les meilleurs alliés des Occidentaux pour combattre l’Etat islamique et le président Erdogan a du mal à supporter cette idée. Il ne faut pas oublier que ce dernier a laissé passer un certain nombre de combattants de Daech qui ont rejoint la Syrie en passant par la frontière turque.

Mais c’est également un enjeu de politique intérieur pour Erdogan : En effet,le Président Erdogan n’a pas supporté, sur le plan politique, les gains qu’ont obtenus les Kurdes, notamment lors des élections législatives de juin dernier. Le Parti Démocratique des Peuples (HDP) a remporté 13% des voix, remettant ainsi en cause la suprématie totale du Parti de la Justice et du Développement (AKP).

dimanche 9 août 2015

En défense de l'OXI grec pour une Europe des droits sociaux et démocratiques, par Catherine Samary




En défense de l'OXI grec pour une Europe des droits sociaux et démocratiques
Contre la consolidation néo-coloniale de l'eurogroupe

Quelles leçons tirer, dans les pays membres de l'Union Européenne(UE) et au-delà, de ce qu'il faut bien appeler et dénoncer comme une  “occupation financière de la Grèce” [i] ? Comme l'affirme avec force Stathis Kouvélakis, l'OXI, ce magnifique “non” du référendum grec, “n'est pas vaincu”. Mais la stratégie de la direction de Syriza – ne pas se confronter à l'UE en espérant un compromis “positif” pour tout le monde – est un échec. Ce n'est rien face au  découragement que produirait  une “mutation mémorandaire” de Syriza – encore non fatale et enjeu des semaines et mois à venir. Sur ce plan, la vraie question  n'est pas le Grexit ou pas, mais le pouvoir (avec ou sans l'euro), avec qui, pour quoi faire ? 
 
Les réflexions qui suivent s'inscrivent dans la logique des positions  synthétiquement exprimées par le titre-même de l'ouvrage collectif Attac/Copernic :“Que Faire de l'Europe : désobéïr pour reconstuire[ii] : elles considérent qu'une lutte dans/contre l'UE est possible et nécessaire en assumant la nécessité d'en passer par des ruptures et crises. La crise grecque change-t-elle ce jugement ? Comment préparer les ruptures ?

 Les évènements en cours en Grèce imposent un recul et élargissement du débat – en même temps que des urgences solidaires.  Il faut désigner et dénoncer les mécanismes néo-coloniaux à l'oeuvre, mais ne pas les entériner comme fatals,  encore moins s'aligner sur les projets menaçants d'une consolidation du “noyau historique” de la CEE s'attribuant les pleins pouvoirs contre toutes ses périphéries dépossédées de droits. Mais où sont les périphéries dans le capitalisme mondialisé et son vieux c?ur européen en crise ? .

Au-delà de la direction de Syriza qui avait manifestement une vision optimiste de l'issue des  négociations avec les instances dirigeantes de l'UE,  de récentes contributions émanant de Die Linke confirment qu'au sein de la Gauche européenne existait une  perception “positive” de l'Union, impliquant  une fermeture envers les positions de la gauche de Syriza. La contribution d'Alexis Cukier (“réflexion après la défaite” récemment produite sur l'ensemble de cette phase) revient notamment sur ces perceptions et leur évolution. 

samedi 8 août 2015

Algérie : “il n’y a pas de solution policière aux problèmes politiques” - Entretien avec Mahmoud Rechidi (PST)

Dans le cadre de ses entretiens avec les partis politiques, en particulier de la gauche, sur la question sécuritaire et du djihadisme, en particulier après l'attentat qui a coûté la vie à neuf soldats de l'ANP près d’Aïn Defla, le 17 juillet dernier, Reporters, quotidien algérien, donne cette fois la parole au leader du Parti Socialiste des Travailleurs, Mahmoud Rechidi. Entretien.

Reporters : Quelle lecture faites-vous du fait que la sphère djihadiste en Algérie soit désormais marquée par Aqmi et Daech ?
 
Mahmoud Rachedi : Je ne pense pas que la situation correspond à ce qui semble être suggéré dans votre question. Je veux dire que l’Algérie n’est pas marquée par un regain de djihadisme. Cependant, quelques noyaux de groupes armés, affiliés à tel ou tel label, tentent de temps à autre des actions, plus ou moins spectaculaires, dans le but évident de susciter l’impact et de signaler une certaine capacité de nuisance. Les exemples de Tiguentourine en 2013, revendiqué par Aqmi, et le rapt du Français Gourdel en 2014, revendiqué par Daech, relèvent de cette stratégie. En fait, on est très loin des années 1990 et de ce qui se développe dans les pays de la région. Mais, les recettes économiques libérales imposées par le pouvoir politique actuel en Algérie, qui ne manqueront pas d’aggraver le désastre social et le désespoir, d’une part, et, d’autre part, les graves atteintes aux libertés démocratiques, peuvent précipiter une partie de la jeunesse dans les bras armés de l’intégrisme religieux et du fanatisme.


Quelle solution, selon les formations de gauche, à la question djihadiste ? Sécuritaire stricto sensu ou politique ?

Grèce. Réflexions après la défaite, par Alexis Cukier


Les six premiers mois du gouvernement conduit par Syriza ont constitué une séquence politique d’une importance décisive pour l’avenir de la Grèce et des gauches radicales européennes. Le résultat est manifeste : le gouvernement d’Alexis Tsipras a échoué à amorcer la mise en œuvre d’une politique alternative à l’austérité et au néolibéralisme. Il a capitulé devant la stratégie de diktat politique et d’asphyxie économique des institutions européennes en acceptant un troisième mémorandum dont les conséquences économiques (par exemple la hausse de la TVA) et politiques (notamment le retour de la Troïka à Athènes) désastreuses sont déjà tangibles. C’est une catastrophe pour la Grèce et pour l’ensemble des forces sociales et politiques européennes progressistes qui s’était engagé aux côtés du gouvernement grec dans la lutte contre l’Europe néolibérale. Il est urgent d’analyser les causes de cette défaite, afin que telle débâcle politique ne puisse plus se réitérer, et que la poursuite de la destruction économique et politique de la Grèce par un gouvernement issu d’un parti de la gauche radicale puisse au moins nous servir de leçon de réalisme pour l’avenir.

Dans ce texte, je propose de contribuer à la réflexion collective concernant les enseignements de cette défaite, en m’appuyant sur mon engagement aux côtés du collectif « Avec les Grecs » en France et du réseau des mouvements sociaux européens ces derniers mois, ainsi que des six semaines que je viens de passer en Grèce. J’ai eu ainsi l’occasion de rencontrer des militants et dirigeants de Syriza, de participer à des manifestations et débats publics et de « prendre la température » de la situation sociale et politique grecque. A partir de cette expérience, j’aborderai deux questions simples : comment cette catastrophe a-t-elle pu arriver ? puis : qu’en pensent les grecs ? en traitant de manière transversale la question de la rupture ou de la réforme de la zone euro et des institutions européennes, qui est aujourd’hui au cœur du débat politique en Grèce. Je conclurai par quelques réflexions d’ordre général concernant le problème de la mise en œuvre d’une politique de transition démocratique aujourd’hui en Europe.

lundi 3 août 2015

Grèce : Alexis Tsipras s'explique


Afin de bien comprendre les débats qui agitent Syriza en ce moment et qui intéressent toute la gauche radicale, nous publions cet interview d'Alexis Tsipras. Le 29 juillet, le Premier ministre grec s'exprimait longuement à l'antenne de Sto Kokkino. L'entretien, conduit par Kostas Arvanitis, le directeur de cette radio proche de Syriza, offre un éclairage inédit sur cinq mois d'une négociation aux allures de guerre d'usure avec les créanciers d'Athènes et les « partenaires » européens. Avec l'autorisation de nos confrères, nous en publions ici la retranscription intégrale.  

Parlons de ces six mois de négociations. Quel bilan en tirez-vous ?

Alexis Tsipras. Il faudra en tirer les conclusions de façon objective, sans s’avilir ni s’auto-flageller car ce fut un semestre de grandes tensions et de fortes émotions. Nous avons vu remonter en surface des sentiments de joie, de fierté, de dynamisme, de détermination et de tristesse, tous les sentiments. Je crois qu’au bout du compte si nous essayons de regarder objectivement ce parcours, nous ne pouvons qu’être fiers, parce que nous avons mené ce combat. Et parce que les combats perdus d’avance ne sont que ceux que l’on ne livre pas. Nous avons tenté, dans des conditions défavorables, avec un rapport de force  difficile en Europe et dans le monde, de faire valoir la raison d’un peuple et la possibilité d’une voie alternative. Au bout du compte, même si ces rapports de forces étaient déséquilibrés, même si les puissants ont imposé leur volonté, ce qui reste c’est l’absolue confirmation, au niveau international, de l’impasse qu’est l’austérité. Cette évolution façonne un tout nouveau paysage en Europe. L’Europe n’est pas la même après le 12 juillet. Quand Jürgen Habermas lui-même affirme que l’Allemagne a détruit une stratégie de cinquante ans, une stratégie de l’imposition par la persuasion et non par la force, je pense que ce sont des mots qu’il nous faut écouter.

dimanche 2 août 2015

Portugal : l'appel des organisations féministes


Jusqu’en 2007, l’avortement clandestin et à risque a constitué un grave problème de santé publique au Portugal, en étant responsable de milliers d’hospitalisations de femmes, de nombreuses morts et de graves problèmes au niveau de la santé physique et mentale. Cette situation a blessé la dignité des femmes portugaises, certaines d’entre elles ont été soumises à des jugements choquants. L’avortement illégal et à risque a été une blessure dans la vie du Portugal démocratique. Cette situation était maintenue par des groupes et des secteurs politiques qui s’opposaient à l’avortement légal et sûr et empêchaient ainsi les changements nécessaires.

Il a fallu un référendum pour que soit résolue, en grande partie, la question de l’avortement illégal et à risque.

La loi, approuvée le 8 mars 2007 et immédiatement appliquée, a permis aux femmes qui voulaient interrompre une grossesse non-désirée d’accéder à l’IVG, une fois prêtes et correctement informées et soutenues par des professionnel/les de santé. La loi a permis, protégé et promu le droit des femmes à choisir. Toujours !